La maison traditionnelle constantinoise

La maison  traditionnelle constantinoise  est une demeure aux façades très simples, d'un volume fermé sur l'extérieur. Elle est éclairée par une ouverture sur un patio (ouast eddar). Cette ouverture remplit aussi la fonction d'aérateur et de cheminée pour les gaz nocifs. Elles sont généralement faites d'un rez-de-chaussée et d'un étage surmonté d'une terrasse (Stah). On y entre par un vestibule (skifa) qui est peu éclairé qui donne directement sur Ouast Eddar qui est l'espace central entouré d'un couloir circulaire (s'hin) en forme de galerie à arcades appelé aussi « M'kadma ». Les pièces ou « byout » plus longues se regroupent tout autour d'Ouast Eddar. Juste à l'entrée, se trouve une grande pièce appelée « Majliss » ou « bite edhiaf ». « Sraya » est la plus grande pièce de l'étage qui donne sur la coursive menant vers la terrasse (Stah).

Généralement le revêtement du sol se fait avec du Zellidj.

La maison constantinoise est très typique et  est toute intravertie
Il existe 2 types de maison à Constantine sous 2 variantes.

1- west edar ou maison à patio

C’est un ensemble de chambres ou medless autour d’une cour.
L’entrée principale se fait par l’intermédiaire d’une sorte de vestibule qui relie l’extérieur à la cour, La skifa. Cette dernière est en générale pourvue juste derrière la porte d’entrée d’un banc en dur el makaad pour le vigile de la demeure. La cour est protégée par une porte  bab el coura
La cour est en général couverte de marbre encliné vers une bouche pour l’écoulement des eaux. On y trouve un puit el bir ou une fontaine, el aine
On  accède aux chambres par une sorte de galerie  maqdma surélevée de quelques centimètres par rapport à la cour  Les chambres se composent d’un ensemble de volume ayant chaqu’un un rôle.
Il y a d’abords el bit la chambre principale qui servira de chambre à coucher, le fond pour les parents, le reste pour les enfants qui dormiront sur des hsiretes, un rideau  séparera les parents des enfants.

Des petites pièces sorte de grands placards doukana et qalb edoukana servent pour entreposer des effets,  tels que literie et objets divers
Entre le rez- de- chaussé  laoutani et le 1er niveau il existe un entre sol appelé slemette  de plafond bas, servant de grand débarras et de grenier à provision bit el 3aoula
Les toilettes sont situées à l’entrée de la maison et servent à tous et toutes.
Bit essaboun est une sorte de buanderie et, est proche de bit el ma toillette

 

Il y a aussi el koumanya

bit ediaf
el maqsoura
sraya  piece en T,  avec  la partie la plus retirée l’alcôve ou bit el kbou
Certaines chambres sont nommées d’après leur couleur, leur grandeur, ou leur appartenance
bit el khadra, bit esghira, bit djedek

2- El 3li

La surface de construction étant  petite, il n’y aura pas  de patio, ce type de maison  est construit en hauteur. On trouve  la cuisine  el matabkha au 1er niveau une ou deux chambres à l’étage au dessus
Les deux types de maisons sont recouverts par une toiture sqaf en pente. Les eaux en hivers sont récupérées et dirigées vers une citerne, el madjen enfoui sous la cour. L’eau récupérée est utilisée pour le ménage, la lessive, les toilettes.

 

3- Les matériaux utilisés

Le tuya ou 3ar3ar pour conforter le toit et les planchers
La brique pleine pour les murs
Plâtre pour le revêtement
Faïence  pour les plus aises

Chaux en guise de peinture
Dehors les murs  sont unis
Les fenêtres sont petites et hautes et pour certaines elles présentent une protection chebek

Ces deux types de maisons présentent 2 variantes dans la construction.
Ces maisons peuvent être en colonnes et arcs ou en murs de soutènement et linteaux
Les escaliers droudj sont un peu raides et étroits
Sous l’escalier  une sorte de réduit est utilisé pour les rangements   el mesrak
La porte d’entrée est toujours basse
Les étages, daïr sont pourvus d’un garde fou appelé drabzi
Les portes à un battant deffa  portent la dénomination de  bab khawkha

4- La vie autour du patio

C’est autour du patio que se fait toute la vie des familles
Une fois les hommes partis de bonheur pour leurs travaux cet espace devient propriété des femmes. Toutes sortes  de préparations s’y font
Le culinaire (couscous, trida, distillation etc.),
Les Fêtes (mariages, circoncision)
Les  Célébrations,  aid, hadj
Les  rituels, kahouet el acer, les invitations, les achats (il est permis aux vendeuses d’entrer dans le patio).
Ce qui est intéressant c’est que les femmes dans ce petit monde s’impliquent à font et sont sujettes malgré elles à une jalousie disons assez constructive.
Une concurrence se crée et chacune veut faire mieux que les autres.
Si une décide de peindre tsiyesse sa chambre toutes vont le faire.
Les travaux sont faits en entre aide,  couscous, préparation de fêtes distillation, etc
Faut aussi noter  que les effluves des préparations des repas chez l’une  font que les voisines feront le même repas les jours suivants si ce n’est le lendemain même.
Un tissus est acheté par une voisine pour un rideau cela ne serait pas étonnant de trouver tous les rideaux de la même couleur pour toutes les autres femmes
Les enfants sont pris en charge par toutes en cas de d’absence des parents.
Ce patio aura plusieurs rôles à tenir au cours de la journée
Tôt le matin seuls les hommes l’emprunteront
Jusqu’à l’adhen du dhoher il sera la propriété exclusive des femmes
Après les travaux La cour servira d’aire de jeux pour  les enfants.
Au environ de la prière de l’après midi les femmes reviennent pour prendre ensemble le café kahwet el acer. C’est à ce moment que toutes les décisions se prennent concernant cette vie communautaire. A qui le tour du ménage, les dates des fêtes se prennent, les instruments font leur apparition, les chants fusent les différents se règlent, et ainsi s’écoulent allégrement la journée.
Au environs du maghreb, « trique  » tonne dans la sqifa  c’est le premier des hommes qui arrive,  tout ce monde qui égaillait ce patio rentre chez lui.

 

     Préparée par Melle Khelil Souad
Chargée du bureau du patrimoine immatériel
Direction de la Culture de Constantine